Remarque
préliminaire- Etant donnée l'impossibilité d'équiper les appareils de cinétirs
et de mitrailleuses photo, aucun contrôle des attaques n'a pu être effectué.
I.
RECHERCHE DE L'EFFICACITE ABSOLUE DU TIR.
1.
Détermination de la manoeuvre suivant les caracteristiques de l'appareil
attaqué.
A.
Avion lent. La
très grande supériorité de vitesse permet tous les genres d'attaque. Les
attaques dans les secteurs voisins de l'axe de l'appareil ennemi demeurent
évidemment les plus faciles, toutefois les durées de tir par l'avant sont très
réduites.
L'attaque
la plus sûre est l'attaque par l'arrière et dans l'axe, c'est-à-dire dans les
gouvernes. Elle doit être prononcée d'assez loin sous peine d'arriver au but
avant d'être en bonne position de tir.
B.
Avion rapide. Les
attaques par l'avant, qui restent possibles pour des pilotes confirmés, ne sont
pas à rechercher par suite de la grande vitesse de rapprochement qui rend la
durée du tir très faible et le dégagement dangereux.
Les
attaques par le travers sont sans efficacité (corrections trop grandes pour les
viseurs actuellement en service).
Les
attaques par l'arrière sont les plus efficaces.Elles doivent être déclenchées
d'assez près. Il est unutile et parfois dangereux de parcourir un assez long
trajet en ligne droite dans les gouvernes, avant d'être à bonne distance de
tir.
2.
Distance de tir.
D'une
manière générale,il semble que les meilleurs résultats doivent être obtenus
avec les tirs à courte distance et très courte distance, c'est-à-dire en
dessous de 400 mètres.
3.
Conduite du tir.
A.
Tir réel sur panneau avec correction non maintenue (le contrôle de la distance
de tir n'a pas été effectué faute de cinétirs). En
maintenant l'avion tireur en direction, de manière à laisser défiler le but
(panneau remorqué à 140 km/h.) on obtient un tir régulier en hauteur et en
densité (cf reproduction de panneau ci-après).
B.
Durée et nombre des rafales
a
Objectif lent (250 km/h):
1.
Attaque à grande vitesse (vitesse 550 km/h, régime moteur 2500 t/m.):
a.
Secteur avant: 1 rafale de 1 seconde, 81 cartouches; b.
Secteur arrière: 2 rafales de 1 à 2 secondes, 243 cartouches; c.
Par le travers: 1 rafale de 1 seconde, 81 cartouches.
2.
Attaque à moyenne vitesse (360 km/h, régime moteur 2 250 t/m):
a.
Secteur avant: 1 rafale de 1 seconde 108 cartouches; b.
Par le travers : 1 rafale de 1 seconde, 103 cartouches; c.
Par l'arrière : 3 rafales de 2 secondes, 618 cartouches.
3.
Attaque à faible vitesse (200 km/h, régime moteur 2 250 t/m):
a.
Secteur avant: 1 rafale de 2 secondes 206 cartouches; b.
Par le travers: 1 rafale de 1 seconde 103 cartouches; c.
Par l'arrière: Pas de tir.
b. Objectif rapide (450 km/h):
1.
Attaque à grande vitesse (550 km/h régime moteur 2 250 t/m):
a.
Par l'avant: une rafale de 1/2 seconde, 40 cartouches; b.
Par le travers: visée impossible avec viseur actuel; c.
Par l'arrière: 3 rafales de 2 secondes, 486 cartouches;
2.
Attaque à moyenne vitesse (360 km/h régime moteur 2 250 t/m):
a.
Par l'avant: une rafale de 1/2 seconde, 51 cartouches; b.
Par le travers: visée impossible; c.
Par l'arrière: tir impossible.
3.
Attaque à faible vitesse (200km/h, régime moteur 2250t/m.):
a.
Par l'avant: 1 rafale de 1 seconde, 103 cartouches; b.
Par le travers: visée impossible; c.
Par l'arrière: tir impossible.
4.
Valeur de la visée - Opportunité d'ouvrir l'habitacle:
- Aux
grandes vitesses, le courant d'air violent gène la visée, à proscrire; -
Aux
vitesses moyennes, il est impossible d'ouvrir l'habitacle d'un tiers de la
course du toit coulissant sans que la visée soit plus difficile à tenir que
dans le cas de la fermeture complète; - Aux
vitesses faibles, il est possible d'ouvrir l'habitacle sans gêne pour la visée.
5.
Réglage des armes.
Le
centre d'experiences aériennes militaires, qui a établit le réglage des armes,
s'est efforcé de réaliser, pour les trajectoires, un faisceau étroit commencant
le plus près possible du tireur et s'étendant sur la plus grande longueur
possible afin de permettre à la fois:
-
un tir ajusté dans dans une attaque pousée à fond; -
une durée de rafale suffisante malgré la grande vitesse de rapprochement; -
Le réglage a été calculé pour une vitesse moyenne du tireur de 360 km/h, et
pour une altitude moyenne de 3000m.
Les
corrections de hausse nécessitées par les variations de vitesse-tireur et
d'altitude sont réalisées par le collimateur GH38 à partir d'une ligne de visée
moyenne; Au moment du tir, on inscrira les hausses de vitesse et d'altitude :
a.
Pour les vitesses réelles de 150km/h (G.V) ou de 200km/h (P.V) alors qu'on a
adopté comme valeur de la vitesse moyenne (M.V) le chifftre de 360 km/h;
b.
Pour les altitudes de 6000 (G.A.) ou de 1000m (P.A) alors qu'on a adopté comme
valeur de l'altitude moyenne le chiffre de 3000m.
Les
distances de tir pour lesquelles le réglage a été calculé sont comprises entre
0 et 500m pour l'altitude de 300m et la vitesse moyenne de 360km/h. Elle
correspondent pour ces mêmes données aux convergences suivantes (1):
(1)
Cf notice relative au réglage des armes n°565/8 au C.ram et planches relatives
au tir dans la notice de manoeuvre du Curtiss.
1. Convergence horizontale.
Convergence
horizontale réelle des plans de tir des armes d'aile et du plan vertical de la
visée à 250m, en avant de l'avion tireur (compte tenu de la correction tireur
due au non parallélisme des armes d'aile par rapport à l'axe de l'avion
tireur.) les armes de capot sont reglées au parallélisme par rapport au plan de
visée.
2.
Convergence verticale (en projection).
Double
convergence de la visée avec les trajectoires réelles (corrigées de l'incidence)
des armes d'aile aux distances de 100 et 420m. Double
convergence de la visée avec les trajectoires réelles (corrigées de
l'incidence) des armes de capot aux distances de 300 et 500m.
Convergence
des armes entre elles: 400m
A
3000m et aux distances de tir comprises entre 300 et 500m, et à la dispersion
près, les trajectoires s'écartent au plus de 0m65 dans le plan vertical, et à
1m20 dans le plan horizontal de la lkigne de visée.
II.
RECHERCHE DE L'EFFICACITE RELATIVE DE TIR
A.
ATTAQUE D'UN BOMBARDIER ISOLE
1
BOMBARDIER LENT (Genre Bloch 210)
1.
Approche du chasseur.
Le
Curtiss H.75 est peu visible pour un observateur placé au dessus de lui, en
particulier lorsqu'il est camouflé par larges bandes diagonales (1). Par
contre, en raison de la grande hauteur de son fuselage et de la surface
importante de ses plans, il est visible de très loin lorsqu'il se détache sur
le ciel (2).
La
manoeuvre d'approche en vue de l'attaque par-dessous peut donc bénéficier de
l'effet de surprise. Dans la plupart des cas de le manoeuvre de D.A.T, les
chasseurs qui ont pris le contact en avant et en dessous des bombardiers ont
bénéficié de l'effet de surprise. En ce qui concerne les attaques par-dessus,
quelle que fut leur direction par rapport au bombardier, l'approche a
généralement été décelée par l'équipage de ce dernier.
(1)
Camouflage réalisé par le Parc de Reims conformément à la maquette de
l'escadrille d'expérimentation. Les bandes, obliques par rapport à l'axe de
marche de l'appareil et de couleurs alternées marron, gris et vert, ont, sur
les taches multicolores, l'avantage de "découper l'avion en
tranches", ce qui a pour effet de camoufler sa silhouette même.
(2)
Le camouflage, réalisé à Reims, des parties inférieures de l'appareil consiste
en un léger voile de peinture grise très clair qui a pour effet d'empêcher les
reflets du soleil. Il est très superieur à celui de Bourges (peinture mate gris
foncé).
2.
Attaque du chasseur.
L'examen
des impacts sur le panneau de 5m par 15m révèle, si l'on y inscrit une silhouette
de Bloch 210 vue plein travers, que cet avion peut défiler à 400m dans le champ
de tir des 4 mitrailleuses sans être fatalement atteint dans une partie vitale;
Cela d'autant plus que la vitesse de Bloch 210 est presque double de celle du
panneau. La seule attaque permettant de réaliser une efficacité de tir
satisfaisante est donc l'attaque dans l'axe de marche du bombardier (ou
sensiblement), soit par l'avant, soit par l'arrière.
L'attaque
par l'arrière plus facile à réaliser et permettant de tirer de plus longues
rafales que par l'avant, est celle qu'il faut rechercher au maximum.
Que
ce soit par l'avant ou par l'arrière, il faut compter avec le tir des postes
avant ou arrière du bombardier, mais il convient de noter:
1°
Que la manoeuvre d'un avion analogue au Bloch 210, attaqué par l'arrière, est
pratiquement illusoire; 2°
Que la puissance de feu du Curtiss est très supérieure à celle d'un poste de
tir du bombardier. 3°
Que la surface frontale vulnérable du Curtiss est très inferieure à la surface
frontale vulnérable du Bloch 210.
En
face d'appareils analogues, il y aura donc lieu de pousser les attaques même
sous le feu des postes du bombardier.
3.
Dégagement.
le
dégagement après l'attaque par l'avant consiste à prolonger celle ci d'une
manière rectiligne en passant le plus près possible du bombardier de manière à
rester le temps le plus court possible dans le champ de ses postes arrière,
supérieur ou inférieur. Après
l'attaque par l'arrière, le chasseur réduit à fond les gaz et dégage par un
piqué déclenché brutalement de manière à à s'éloigner au plus vite du
bombardier en changeant les données du tir de celui-ci. Les
considérations exposées au paragraphe précédent (attaque du chasseur) à ne pas
dégager autant que possible avant d'avoir abbatu l'adversaire ou épuisé ses
munitions.
2°
BOMBARDIER RAPIDE ( Genre Potez 63)
1.
Approche du chasseur.
Mêmes
remarque que pour le bombardier lent. La
différence de vitesse entre le Curtiss et le Potez 63 n'est pas assez grande
pour que le chasseur puisse se permettre des manoeuvres d'approche compliquées.
Dans la plupart des cas, l'approche s'effectuera en poursuite et préparera
l'attaque par l'arrière.
2.
Attaque du chasseur.
L'attaque
par le travers est à rejeter, à fortiori, pour les raisons exposées ci-dessus,
à propos de l'attaque par le travers du bombardier lent, le Potez 63 étant plus
rapide et de surface latérale apparente moins grande que le Bloch 210. L'approche
en vue d'une attaque, sauf dans le cas exceptionnel de la rencontre axe pour axe,
conduira généralement à l'attaque par l'arrière, laquelle est en définitive la
seule pratiquement réalisable. La
remarque faite pour le bombardier lent, en ce qui concerne l'opportunité de
pousser les attaques jusqu'à la destruction de l'ennemi ou l'épuisement des
munitions, reste valable.
Les
manoeuvres de défense du multiplace rapide isolé sont étudiées dans le chapitre
suivant.
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